Crie ta haine, écoute ta paix

Je crois que je puise mon énergie à la fois dans la haine et dans l’amour des autres, dans la haine de ceux qui m’ont fait mal pour faire mal, des gens bêtes et méchants qui se complaisent dans leur ignorance et dans l’amour et l’amitié de ceux qui ont été pour moi des gens sains et constructifs.
Je crois qu’il me faut la haine et l’amour pour avancer, pas l’amour tout seul. Et puis, certaines personnes que j’ai détestées m’ont présenté d’autres personnes que j’ai aimées…
J’ai la haine parce qu’en France, quand on a une étiquette on ne vous pardonne rien.
Il y a l’étiquette des chômeurs, l’étiquette des malades, l’étiquette des fous, l’étiquette des loosers, etc…tout ce qui ne gagne pas d’argent, tout ceux qui dérangent, on leur met une étiquette. Alors, j’ai la haine contre ça parce que, si quelqu’un a un parcours atypique, chaotique, les gens ne voient pas ses efforts, tout ce qu’il fait pour s’en sortir.
Je crois que malheureusement en France, dans tous les domaines, on n’avance pas par discussions ou partage d’expérience, on avance par affrontement, par intolérance, rupture et crise.
La colère peut s’exprimer avec amour, d’autant plus qu’on a parfois la colère parce qu’on veut changer le monde, on veut peut-être imposer son point de vue et on n’y arrive pas.
Et je crois alors que la colère est synonyme d’impatience.
On ne peut pas faire évoluer le monde comme ça, le combat de sa vie, il faut le faire avec patience, avec calme. Malheureusement il existe des gens qui sont tellement enfermées dans leurs positions, tellement handicapées d’amour et d’amitié qu’on ne peut pas discuter avec eux.
C’est là où, finalement, la colère vient.
Ce qui m’a sauvé, c’est de ne pas avoir été cassé par la misère. Je n’ai jamais dormi sous un pont, j’ai eu la chance de toujours dormir sous un toit, j’ai même connu un certain luxe qui fait qu’aujourd’hui, je ne cours pas après l’argent même si cela ne me ferait pas de mal d’en avoir un peu plus. Il faut de l’argent mais l’argent n’est pas mon idéal. Ce qui m’a sauvé surtout c’est d’avoir pu connaître la diversité humaine, mon père était préfet, j’ai vécu dans des préfectures, j’ai rencontré des ministres, un président de la République, j’ai rencontré des notables.
J’ai rencontré deux mondes, le soir je dormais dans une préfecture et dans la journée, mes amis étaient de milieu modeste. Je crois que c’est ce qui a fait ma force, j’ai pu me rendre compte très tôt qu’il y avait des gens bien et des enfoirés dans tous les milieux, très tôt j’ai pu voir que le monde n’est ni blanc ni noir.
Ce n’est pas parce qu’on est quelqu’un qui a réussi qu’on est quelqu’un d’intéressant. Je suis un chercheur de belles âmes. J’aime faire des rencontres dans une perspective « gagnant gagnant », en me demandant « qu’est-ce que tu m’apportes, et moi qu’est-ce que je t’apporte ? »
Ce qui compte pour moi, c’est où et comment et à quel moment je peux aider ceux que j’aime.
Parce que…On peut toujours quelque part, quelque chose pour quelqu’un !
 
Auteur : Michel Rochet